Aller au contenu

 

Portrait de leader : Annick Giguère

Donner la piqûre de l'engagement

Annik Giguère
Annik Giguère

11 octobre 2007

Robin Renaud

Pour Annik Giguère, l'engagement est un mode de vie. Étudiante au baccalauréat en service social, elle est aussi conseillère municipale à Wotton. Sur le terrain, elle s'active à freiner l'exode des jeunes en milieu rural et à promouvoir l'agriculture locale par le biais d'une coopérative de solidarité. Et son engagement ne s'arrête pas là. D'ici quelques années, elle ambitionne de partir avec conjoint et enfants pour se consacrer à des projets d'aide internationale!

La vie rurale

Annik Giguère se définit comme une femme de terrain et elle en donne la preuve, au sens figuré comme au sens propre. Ayant grandi sur une ferme maraîchère du Centre-du-Québec, elle a fait beaucoup de travail bénévole ces dernières années pour la  Coopérative de solidarité La Clé des champs de Saint-Camille. Au printemps dernier, elle trouvait le moyen de faire distribuer les produits de 18 producteurs de la coop sur les étals du nouveau marché public de Sherbrooke.

Mais étrangement, son engagement pour la défense du milieu rural tient plutôt à une suite d'événements : «J'ai étudié au cégep en techniques de travail social et mon travail m'a amenée à travailler sur un projet destiné à contrer l'exode des jeunes. En 2003, mon conjoint et moi avons appris que la maison ancestrale de son arrière-grand-père était à vendre. C'est alors que nous nous sommes installés à Wotton.»

De fil en aiguille, elle a contribué à la création d'une autre coopérative, La Relève, pour aider des jeunes à démarrer de nouvelles entreprises en milieu rural. «Il faut dire que l'exode des jeunes n'est pas le seul problème auquel les régions sont confrontées. Un des gros défis, c'est de trouver des jeunes pour combler des postes en région. On doit souvent attirer des gens de l'extérieur pour combler des emplois qui exigent des diplômes!» dit-elle.

Soucieuse du développement de son milieu, elle s'attaque à un nouveau défi en 2005, et devient la plus jeune conseillère municipale de sa MRC.

Annik Giguère
L'élue

Dans un milieu où, traditionnellement, les élus municipaux sont surtout des hommes d'un certain âge, Annik Giguère a dû se montrer convaincante auprès de sa communauté pour se faire élire : «Disons que je détonnais dans le portrait, et ce n'était pas tout le monde qui faisait confiance au leadership qu'une jeune femme comme moi pouvait exercer. Je constate qu'il y a encore du travail à faire pour donner plus de place aux femmes en politique.» Pour ce qui est du leadership, elle a bien démontré qu'il ne lui faisait pas défaut! Elle a su défendre ses dossiers, tout en élevant sa fille de 19 mois, en étudiant à temps plein et en continuant de travailler. «Comme jeune élue, j'essaie d'amener une vision différente en abordant des dossiers qui touchent à la famille, aux loisirs ou à l'environnement. Par exemple, avec une collègue, on va organiser un forum municipal en novembre pour prendre le pouls des citoyens sur différents projets. J'ai aussi suggéré au conseil d'ajouter une période de questions aux séances pour favoriser la participation citoyenne.»

Parce qu'Annik Giguère considère qu'en politique, le travail en solitaire ne mène pas très loin. «Pour réaliser des projets, ça passe par l'action des citoyens, dit-elle. Pour que ça bouge, il faut que les gens s'impliquent, et si ça ne bouge pas, pourquoi les gens viendrait-ils s'installer dans notre milieu?»

Un discours rafraîchissant qui semble appeler naturellement une question : La politique municipale est-elle un tremplin vers des engagements à d'autres niveaux? «Non, je ne pense pas me représenter, parce que j'ai d'autres projets. Cependant, j'ai déjà identifié une femme de mon milieu qui pourrait prendre la relève, puisque j'ai à cœur que plus de femmes s'impliquent en politique.»

Horizons lointains

Les projets qui appellent Annik Giguère touchent au développement international. En 1999, à la fin de ses études collégiales, elle s'est rendue au Mali pour un stage d'initiation à la coopération internationale. Elle y a pris goût, mais elle est restée sur son appétit, jugeant qu'elle avait accompli trop peu. Deux ans plus tard, elle retournait en Afrique par ses propres moyens. Atterrie au Maroc, elle traversait la Mauritanie, la Guinée-Bissau et le Sénégal pour retourner au Mali, et offrir ses services à une organisation non gouvernementale. «Dans l'un des quartiers les plus pauvres de Bamako, je souhaitais travailler à la fondation d'une école destinée aux enfants les plus démunis, raconte-t-elle. Nos nombreuses demandes ne nous ont pas permis de trouver le financement, et je suis repartie déçue de n'avoir pas pu concrétiser ce projet. L'an dernier, mon conjoint est allé au Mali et je lui ai demandé de retourner dans le quartier en question. L'école était en construction. Je ne sais pas si j'y ai vraiment contribué, mais ça m'a fait bien plaisir d'apprendre cette nouvelle. Ce que j'ai appris de cette expérience, c'est que le développement international prend du temps, beaucoup de temps.»

Ainsi, l'appel de l'aide internationale est très fort pour Annik qui souhaite, après ses études de baccalauréat, pouvoir partir avec sa famille à l'étranger, pour contribuer à un monde meilleur.

Annik Giguère et Grégory Charles
Famille et engagement

Recevant le prix Personnalité au dernier gala Forces Avenir, Annik Giguère a eu une pensée toute particulière pour son conjoint, François, qui partage sa vie depuis neuf ans. «L'implication, c'est un contrat familial, dit-elle. Ce sont des agendas qu'on coordonne chaque mois et chaque semaine, mais ça en vaut vraiment la peine.» Cela dit, elle ne fait pas de l'engagement un dogme. Selon elle, les gens s'impliquent socialement lorsqu'un élément déclencheur les anime : «Tant que tu n'as pas eu la piqûre, tu ne t'impliques pas. Moi, la piqûre, je l'ai reçue au début du secondaire! Je faisais partie d'une gang de zélés qui récupéraient du papier dans les classes, pour réduire notre empreinte écologique. L'implication, ça se développe quand tu sens la reconnaissance de ton milieu et que ça te pousse à aller plus loin. Et si on peut donner la piqûre à d'autres, tant mieux!»

Lien contextuel

Portraits de leaders